2 Neurones & 1 Camera

Olivier Thereaux

23 Janvier 2003 : Libertinage

Enfer! Voilà que mes deux neurones communiquent avec le monde exterieur. Mieux vaut-il une bonne ecriture solitaire qu'un mauvais dialogue? On verra... En tout cas j'en ai peur, je vais finir ma vie dans la peau d'un weblog.

Neurone 1 : Sartre, et les autres · Neurone 2 : Nietzche, et les autres

Karl lit Michel Onfray et s'enflamme, revendique [s]on droit à l'existence, [s]on droit au libertinage et à la jouissance, revendique au droit d'être sensuel et jouisseur sans culpabilité, sans manque, sans fautes. Oui, mais...

Du contrat

J'aimerais croire encore a la liberté totale, sans règle et sans entrave, mais voilà j'ai passé l'âge, et j'ai appris que la liberté, la vraie, passe invariablement par le contrat.

Le contrat libertin, ce n'est pas un concept nouveau, c'est l'accord tout simple entre des individus sur les modalités de leurs interactions; codifier les termes d'une relation, sentimentale ou non, sexuée ou non, en fonction des besoins et des envies des parties concernées. En ce sens, l'union libre est un contrat libertin, tout comme, en théorie, le couple monogame (et, à la limite, le mariage) peut être une forme de contrat libertin, a condition d'être réfléchis et construits au terme du dialogue, et non choisis comme pis-aller au milieu des contrats tout faits que la plupart des sociétés, violemment controlées ou influencées par les doctrines monothéistes, nous imposent.

Un contrat, rappelons le a George W. et aux autres, est affaire multilatérale. La liberté ou le libertinage dans la relation a l'autre est possible, et infiniment souhaitable. Mais a trois? quatre? Au sein du groupe? Au sein d'une societé qui aliène ses electrons libres?

Le contrat libertin a, dans ce contexte, le choix: vivre dans la pénombre ou s'adapter au groupe. Dans le second cas, il se voit rapidement limité, et ses seules instances ayant une quelconque chance de survie sont équivalentes, au moins en apparence, aux schémas classiques.

Choisir pour soi une liberté qui revêt l'apparence du carcan des autres est (et c'est discutable) une forme d'hypocrisie, mais il ne faudra pas la confondre avec l'hypocrisie quotidienne des relations "extra-conjugales" et autres tromperies coupables, destructrices et auto-flagellatoires... A hypocrite, menteur et demi : là ou le libertin prudent choisit et respecte un contrat qui ne lui aliènera pas le groupe, l'autre viole un contrat qu'il a accepté, même s'il ne lui convenait pas. Ne pas confondre "pour vivre heureux vivons (plutôt) cachés" et "ni vu ni connu", serviettes et torchons. D'avance, merci.

Tout ça... pour ça?

Qu'on ne me méprenne pas, je ne dis pas que le libertinage pratique consiste à se marier, être fidèle, faire des mômes et se sacrifier quotidiennement à l'autel de metroboulododo. Ce n'est pas la seule option, et quand bien meme ça le serait, cela n'empecherait en rien d'être libre ou libertin.

Car dans un univers régi par un determinisme mecanique ou une loterie quantique (les fronceurs de sourcil, au fond, feraient bien, de participer a une session de rattrapage de Waking life pour comprendre de quoi je parle), la liberté n'est pas tant dans les actes que dans la perception et la réflexion que chacun a sur ses actes. Je travaille (trop) chaque jour, ma vie sensuelle et amoureuse suit des chemins (presque) classiques, pourtant je suis libre car je pense chaque étape, chaque pas; je suis libre car je refuse d'être réduit a un role social, professionnel, familial...

N'arretez pas de penser. Si ça ne vous rend pas plus libre, ça ne vous rendra pas plus con.

Quant à moi, je m'en retourne ecouter Tori.

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